Gautier Massonneau & Trilobe : d'une vision créative à une horlogerie unique

Quand avez-vous commencé à vous intéresser au monde de l’horlogerie et qu’est-ce qui vous a poussé à fonder votre Maison ?

 

Bien que je ne sois pas horloger de formation, j’ai été très tôt bercé par les jeux de forme et de matière propres au monde architectural dans lequel mes parents ont évolué professionnellement. Il y a dix ans, j’ai voulu m’offrir ma première montre. Je cherchais alors quelque chose de vraiment différent mais en même temps très classique. J’ai finalement décidé de mettre le pied à l’étrier et de me lancer dans cette création. L’aventure Trilobe a vraiment débuté par un défi personnel ! J’ai toujours aimé entreprendre par moi-même et de temps en temps, j’ai une idée en tête et je n’arrive plus à m’en défaire. J’ai eu envie de créer une montre bien particulière et je savais, dès le début, où je voulais aller. Je voulais voir les choses différemment et c’est en ce sens que la lecture du temps est unique chez Trilobe.

 

Une montre vous a-t-elle particulièrement marquée ? 

 

La montre Zeitwerk de la Maison A. Lange & Söhne pour son identité et son design avant-gardiste. Je trouve que c’est un modèle fort, reconnaissable entre mille. J’aurai été extrêmement fier d’en être le créateur.

 

Quelles ont été vos inspirations pour la création de Trilobe ? 

 

Nous proposons un design très différent qui n’a aujourd’hui pas de comparable. Mes sources d’inspiration varient énormément et proviennent de différents univers, horlogers mais pas seulement ! Je lis beaucoup, notamment de la science-fiction. Au-delà d’une belle inspiration, c’est une ouverture à de nouveaux mondes. Nous avons également la chance d’habiter à Paris qui, malgré ses défauts, est une véritable source d’inspiration créative notamment dans les domaines de la cuisine, de l’art, de l’architecture et de la mode. C’est un creusé culturel très fort, extrêmement inspirant, qui peut facilement se retranscrire en horlogerie. Ce sont tous ces univers que je souhaite faire vivre à travers Trilobe. À Paris, il suffit de lever le nez et de garder l’esprit ouvert. Je me suis rendu à la boutique du 58 rue de Rennes à pied, depuis l’avenue de l’Opéra et je suis toujours aussi séduit par les paysages parisiens. Descendre un bout de la Place du Marché Saint-Honoré, les Tuileries puis arriver aux alentours de la légion d’honneur, du Musée d’Orsay, de la rue de l’Université, c’est un chemin très agréable. On peut contempler les bas-reliefs tout en flânant à travers les bouquinistes et les galeries d’art. C’est Paris dans toute sa splendeur !

 

La lecture du temps est unique chez Trilobe, pouvez-vous nous en parler ? 

 

Il y a beaucoup de choses que l’on fait par habitude et c’est parfois purement pratique. Il est plus simple de deviner l’heure grâce à un indicateur plutôt que de véritablement lire le temps. Personnellement, je ne cherche pas la praticité mais plutôt le beau et finalement, assez simplement, en inversant le référenciel de lecture de l’heure, l’indicateur de temps devient fixe et le temps se met en mouvement. On créée alors quelque chose de complètement différent et inédit. Même s’il se manifeste différemment d’une collection à une autre, le temps est toujours en mouvement chez Trilobe. C’est notre fil conducteur et surtout un véritable parti prit. L’indicateur est positionné à différents endroits mais représente souvent un trilobe ou une pointe de trilobe. Il y a des gens extrêmement doués dont beaucoup sont représentés ici, au sein de la Maison Lassaussois. Ils savent parfaitement manier les aiguilles et nous ne ferons pas mieux qu’eux. En revanche, nous avons une vraie histoire à raconter notamment sur notre manière d’appréhender les choses et de créer notre différence. C’est une vision qui s’est imposée dès le départ.

 

De quelle manière l’architecture et le design influencent-ils selon vous votre conception de l’horlogerie ?

 

Je pense qu’il faut apporter beaucoup plus de valeur à l’errance de l’esprit et ne pas hésiter à flâner, à faire des expositions ou encore à tester des restaurants avant-gardistes par exemple. Mes parents étaient architectes et j’ai toujours été bercé dans l’invitation à jouer avec les matières, avec les formes. Ma mère est particulièrement portée par l’œuvre de Frank Lloyd Wright qui est très avant-gardiste pour son époque. Ce sont de belles sources d’inspiration qui m’ont permis de comprendre qu’il n’existe aucune limite créative. Cette façon très différente de voir l’architecture a été une vraie influence pour Trilobe. Je pense qu’il ne faut pas fixer de barrières à sa créativité mais savoir préserver son positionnement. Je veux proposer des montres portables et classiques qui ont du sens aujourd’hui et qui en auront toujours dans cent ans. C’est facile de créer une montre très différente mais il faut savoir garder sa direction artistique et rester fidèle à sa trame d’origine. Chez Trilobe, nous avons su conserver notre fil conducteur et nous sommes différenciables entre mille. Aujourd’hui, lorsque l’on voit l’un de nos modèles à dix mètres, on sait de quelle Maison il s’agit. C’est un point très fort que je souhaite cultiver.

 

Les générations se confrontent et s’enrichissent mutuellement dans le monde de l’horlogerie, quel parallèle faites-vous entre les Maisons horlogères historiques et les acteurs plus récents ? 

 

Ce sont des histoires très différentes. Il y a évidemment de la place pour tout le monde. Je pense qu’une forme de curiosité et de maturité pousse les amateurs horlogers à s’intéresser à des montres indépendantes et très créatives. Qu’il s’agisse d’un horloger talentueux tel que Ludovic Ballouard ou de la Maison Ressence, il y a tout un monde assez extraordinaire à explorer et beaucoup de gens commencent à le découvrir même s’il existe déjà de très belles choses. Une Vacheron Constantin restera toujours une très belle montre par exemple ! Tout comme dans le monde de l’art, on peut aimer différents styles.

 

Comment voyez-vous l’avenir de l’horlogerie ? 

 

Je pense qu’il y a une part de plus en plus ouverte à la créativité des indépendants et que ce n’est que le début. C’est un monde qui est en train de s’ouvrir. Nous sommes actuellement en train de vivre dans l’horlogerie ce que nous avons connu dans la mode et la cosmétique il y a une dizaine d’années : la naissance des indépendants. Nous avions un peu de retard sur ce sujet et nous sommes progressivement en train d’empreinter cette voie et de s’apercevoir qu’il existe un terreau créatif extraordinaire, au-delà des grands noms que l’on connaît tous. J’ai hâte de voir ce que nous réserve la prochaine décennie et je suis persuadé qu’elle sera très positive notamment pour des Maisons telles que Trilobe. Il y a encore énormément à explorer !

 

Pourquoi avoir choisi la Maison Lassaussois ? 

 

Tout d’abord, car il s’agit d’une Maison familiale. Nous partageons des valeurs communes et je pense qu’à ce niveau, il y a un véritable alignement. Nous sommes également géographiquement proches. Je pense que la Maison Lassaussois dispose d’une clientèle qui possède la maturité et la curiosité nécessaires pour découvrir des choses différentes. Enfin, je dirai que tout est une question de rencontre. Une confiance mutuelle s’est établie dès le début de notre collaboration et nous avons immédiatement su que nous pouvions travailler et avancer ensemble.

 

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