Comment définiriez-vous votre vision artistique et quel message cherchez-vous à partager ?
Tout a commencé avec l’envie de créer quelque chose de différent, de sublimer par la joaillerie l’énergie de quelqu’un de libre, de singulier. J’aime me dire que je participe à créer un monde un peu plus coloré et audacieux.
Avant de pleinement vous consacrer à la joaillerie, vous avez obtenu un diplôme d’expert diamantaire du HRD Antwerp, parlez-nous de votre intérêt pour les gemmes.
Tout commence avec mon amour pour la beauté naturelle et pure des diamants. J’ai toujours été fasciné par la manière dont la nature créée de telles pierres. J’ai passé un diplôme principalement pour comprendre le langage des diamants, que tout le monde parle à Anvers ! Je trouve que les pierres sont très intéressantes dans leur variété de forme et de nuance.
Comment faites-vous pour choisir une pierre ?
Je débute avec un dessin et je sélectionne ensuite la pierre qui sublimera à la perfection la pièce. Lors du processus créatif, je visualise toujours le bijou abouti mais quand vient le moment de choisir la pierre, le coup de cœur doit être immédiat. Je ne peux pas me projeter. Il faut que la pierre raconte une histoire et au-delà de la beauté et que mon choix soit guidé par une énergie. Si rien ne se passe, je ne prends pas ! Par ailleurs, il existe une vraie affinité entre la personnalité et le bijou. Il m’arrive de choisir une pierre car je sais que l’un de mes clients y sera sensible et que les deux histoires se rencontrent.
Quel rapport entretenez-vous avec l’art et comment se manifeste-t-il dans vos créations ?
Mes bijoux mêlent différentes inspirations artistiques et je ne me limite pas à une direction. Mes inspirations ne seront jamais uniquement architecturales ou égyptiennes, ce sont des arts qui me touchent et que je réinterprète selon ma vision de la joaillerie. Je crée, avant tout, quelque chose de nouveau, qui me ressemble. Un bijou raconte une histoire et est généralement complexe car il rassemble une multitude d’idées et d’inspirations. Sa lecture n’est jamais complètement linéaire. Je me nourris des univers qui me parlent et à travers eux, je laisse ma créativité s’exprimer. Je pense également que, sans même connaître les éléments qui ont inspirés un bijou, on se laisse séduire par sa beauté. Mes créations se définissent par un design très fort, intemporel, élégant qui est parfois suffisant pour provoquer un coup de cœur et séduire mes clients. Ils ne cherchent pas forcément à connaître l’histoire qui se cache derrière la collection et recherchent plutôt quelque chose de beau et d’équilibré. En parallèle, vous retrouverez toujours dans mes bijoux des éléments empruntés à l’univers de Cléopâtre ou bien des détails qui évoquent le ballet. Quand quelqu’un découvre mes bijoux, il remarque généralement le lien avec l’Égypte. Je pense que c’est véritablement ancré en moi et je suis content que cette part continue de s’exprimer. J’ai toujours trouvé les angles et les lignes plus intéressants. Ils me rappellent l’architecture brute et j’aime jouer avec dans mes créations.
Les bijoux Dries Criel sont le reflet de l’artisanat belge et italien, parlez-nous de ce parti-pris et de ce que vous évoque l’artisanat dans la haute joaillerie ?
J’aime qu’en prenant mes bijoux on puisse ressentir le travail qu’ils ont nécessité. La qualité et la sélection des matières sont essentiels pour moi. Je suis Anversois et fier de pouvoir faire travailler les ateliers belges et valoriser l’artisanat qui est, pour moi, une véritable une forme d’art. Les bijoux sont réalisés à la main et les détails sont parfois minuscules. Je suis impressionné par ce savoir-faire. En tant que créateur, je pense que notre rôle est de soutenir ces artisans.
Produire en masse ne me ressemble pas, je suis très attaché à la finesse et aux détails. Ce haut degré de finition demande énormément de temps et c’est notamment ce qui justifie la valeur de mes créations.
J’ai une vision claire et les ateliers avec lesquels je collabore m’accompagnent pour réaliser mes rêves ou m’alerter sur les limites techniques de mes idées. Je dois avouer que lorsque qu’en voyant mes dessins si la première réaction des ateliers est : « Ce n’est pas possible. », c’est finalement le meilleur point de départ et je sais que l’on va dans la bonne direction. On s’apprête à créer quelque chose qui n’a pas encore été fait.
En tant que jeune créateur, comment êtes-vous parvenu à affirmer votre légitimité sur un paysage joaillier réputé pour ses Maisons historiques ?
Tout commence par une vision mais l’imposer prend du temps. Néanmoins, je ressens chez mes clients une volonté de trouver quelque chose de différent. Il y a des choses sur lesquels on cherche à s’affirmer, à se différencier et c’est que je souhaite offrir à travers mes bijoux ; des pièces singulières, de caractère qui peuvent s’associer à une collection de joaillerie et évoluer dans la réalité.
Pourquoi avoir choisi de faire confiance à la Maison Lassaussois ?
J’ai écouté mon instinct et surtout l’énergie qui s’est dégagée de notre première rencontre. Mes bijoux ne sont pas encore connus sur le marché français et j’ai besoin de m’entourer de professionnels qui comprennent mon histoire et sauront la partager. Il y a l’humain et l’affinité qui se créé.